Les parachutages d’armes en 1943 au pied du mont de l’Enclus
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, les parachutages d’armes et de matériel pour l’Armée Secrète (A.S.) dans la Zone III (Flandres occidentale et orientale) ont été très rares. Peut-être doit-on imputer cela à la présence d’une importante défense aérienne allemande dans la province de Flandre occidentale. Néanmoins, dans la deuxième moitié du mois d’août 1944, la B.B.C. annonçait un parachutage pour le lieudit « Le grèbe – De doodaars » à Waregem. Sur un terrain on attendra en vain la réception. La zone de combat était-elle alors trop proche ? Le parachutage n’eut pas lieu. Sur le sol de la Flandre occidentale, il n’y eut qu’un seul largage d’armes par la R.A.F. et ces armes étaient destinées à la Zone I du Hainaut. Le samedi 17 avril 1943, le jour précédant le dimanche des Rameaux, à 19 h 15, la B.B.C. communique le message : « L’écureuil aime les noix – Het eekhoorntje lust nootjes ». Pour Maurice Velghe, un garagiste d’Avelgem, cela signifie : « Attention, la nuit prochaine, des armes seront parachutées à Avelgem ».
La préparation de cette opération commence en mai 1940.
Le jeudi 16 mai 1940, Raoul Latimer, sujet britannique, 24 ans, quitte son habitation d’Anvers pour retourner en Angleterre. Quand les Allemands envahissent la Belgique le 10 mai 1940, Raoul réside depuis 10 ans dans notre pays et y travaille en tant qu’ingénieur dans une entreprise de Zwevegem. A Londres, le Deuxième Bureau du Ministère Belge de la Défense Nationale qui a autorité sur l’Armée Secrète, convoque le capitaine britannique Raoul Latimer à la Section de Londres et lui communique qu’il est envoyé en mission en Belgique. Il lui donne une montagne de documentation sur la situation dans le pays occupé : depuis son départ en mai 1940, beaucoup de choses y ont changé.
Sa mission : organiser des parachutages dans les régions de Courtrai, de Gand et de Tournai. Objectif : fournir les armes, les munitions, les explosifs et le matériel nécessaire au combat de guérilla pour l’Armée Secrète de cette région, à savoir la Section 49 ( Avelgem-Waarmaarde-Berchem-Ruien et Orroir ), la Section 50 ( Sint Denijs-Kooigem-Helchin ) et la Section 60 ( Dottignies-Espierres ) du Secteur A 20 – Zone I
En 1943, la Légion Belge, devenue l’Armée de Belgique, se dote d’une structure scindée en 5 zones. Notre région est reprise dans la zone I, « secteur A 20». Le commandant belge qui prépare leur mission, leur donne des adresses de contact où il espère pouvoir trouver de l’aide : cela va de l’adresse d’industriels de Courtrai et de Gand à celle du Couvent des Oblats à Velaines en passant par le château de Mademoiselle Germaine de la Croix d’Ogimont à Velaines. Le 16 novembre 1942, les deux capitaines sont parachutés près du château de Melle d’Ogimont. L’aventure commence. A Gand et à Courtrai, le capitaine Latimer ne rencontre pas le soutien nécessaire chez ses contacts locaux et, de plus, il estime que l’environnement de ces deux villes n’est ni adéquat ni sûr pour des parachutages. Par contre, dans le Nord-Ouest du Hainaut, il trouve de vastes étendues de terres et des villages où ne se trouvent ni artillerie anti-aérienne ni troupes allemandes. Il transmet à Londres les coordonnées de sept zones de parachutage et la R.A.F. accepte. Les personnages se mettent en place : à Velaines, Melle d’Ogimont et chez les Oblats, le Père Milo Carez et le Père du Bois ; leurs amis de Celles, M. et Mme Gérard Pieters ; au château Saint-Antoine de Molenbaix, la baronne Marie de Pélichy ; un ami de Melle d’Ogimont, le vicomte Vincent Cossée de Maulde, au château de Ramegnies-Chin ; un ami de Milo, le boulanger-cafetier Joseph Samper ; un ami de Gérard à Avelgem, le garagiste Maurice Velghe ; etc.
Six terrains seront utilisés en Hainaut, à Celles (derrière le Grand Châtelet), Velaines (derrière l’église), Molenbaix (château Saint-Antoine et Grand Fresnoy) et Ramegnies-Chin (près du château du Vicomte Cossée de Maulde) et un en Flandre occidentale, à Avelgem (à sa « frontière » avec Otegem). Le matériel destiné à l’Armée Secrète sera acheminé en huit parachutages entre le 18 janvier et mai 1943. Les opérations seront dirigées depuis le château inoccupé « le Grand Châtelet » à Celles, propriété de la famille de Cambry de Baudimont.
Le récit authentique de ces opérations a été raconté par le chef de la mission, le capitaine britannique Latimer et nous a été transmis grâce à Christel Wauters qui était le chef du groupe 49, secteur A 20 (refuge Le Pinson). Christel Wauters d’Orroir nous livre la narration toute simple des témoins ou des acteurs de ces actions. Pas de récits triomphants ou emphatiques. Un texte qui frise parfois la sécheresse d’un rapport militaire ; mais tout dans ce texte fait revivre le courage tranquille, la détermination farouche des combattants de l’ombre. Parfois transparaît leur côté juvénile. Parfois une pointe d’humour apporte aussi de quoi adoucir l’amertume du quotidien qui pouvait – et ils en étaient conscients – à tout moment, tourner en tragédie.
Le Cercle d’Histoire Locale présente ici les multiples facettes de cette épopée qui s’est déroulée dans la région du mont de l’Enclus. C’est pour lui l’occasion de rendre hommage à un citoyen de la commune, Christel Wauters, qui, comme le Cercle a toujours cherché à le faire, a tenu à transmettre « la véritable nature » des faits afin d’ « éviter qu’à l’avenir on écrive une histoire déformée par la fantaisie de quelques-uns » … Et pourtant, tout ici ferait les délices du plus exigeant des scénaristes de cinéma !
Auteur : |
Philippe Duponcheel |
Catégorie : |
Histoire |
Format : |
A4 (21 x 29,7 cm) |
Nombre de pages : |
132 |
Couverture : |
Souple |
Reliure : |
Dos carré collé, cousu au fil de lin |
Finition : |
Brillant |
ISBN : |
978-2-8083-3695-6 9782808336956 |