Diptyque érotico-poétique est une traversée enfiévrée du désir, un chant où l’érotisme ne se limite pas à l’éveil des sens, mais s’élève en langage poétique, en forme métaphysique de l’extase. Chaque poème est un tumulus érigé à la beauté furieuse des corps, à l’ivresse de l’abandon, au culte brûlant des passions illicites. Ce livre n’invite pas à la contemplation, mais à la consommation rituelle du texte comme d’un poison suave : lent, capiteux et irréversible.
Ici, la sensualité ne connaît pas d’arrière-fond ; elle est offerte dans sa nudité tragique, dans ses spasmes les plus lucides et dans ses vertiges les plus féroces. L’amour n’y est jamais paisible : il est bataille, offrande, incantation, cri — une liturgie secrète où se mêlent ferveur mystique et cruauté profane. Le plaisir devient une clairière sacrée au cœur du gouffre, un éclat de pureté dans la dévastation du moi.
Le texte est une fièvre : une cellule sans issue, un souffle qui tourne en boucle jusqu’à l’asphyxie. Ce n’est pas un espace ; c’est une agonie. Il ne dénude pas la chair, il l’éviscère. Le plaisir, loin d’être ce qu’on croit, est une forme déguisée de lassitude. Son éclat n’éblouit que ceux qui n’ont pas encore compris qu’il trahit. Plus qu’une ivresse, c’est un aveu. Chaque jouissance est une petite mort.
Écrire sur le corps, c’est l’insulter, l’obliger à dire ce qu’il cache trop bien. Le plaisir est un prétexte — un gouffre qui parle la langue des anges déchus. Ce que l’on prend pour volupté n’est que l’art d’ajourner sa propre décomposition. La beauté ? Une esthétique du cadavre, le plaisir un suicide lent où chaque spasme signe l’échec de durer. L’amour ? Une chute élégante… Une manière de se perdre sans bruit.
La langue y est somptueuse et coupante, violente et raffinée, puisant à la fois dans la tradition liturgique, l’esthétique décadente, la violence sacrée et le lyrisme halluciné. Le verbe caresse et mutile, enlace et crucifie. À travers cette prose poétique incandescente, c’est tout un théâtre de visions intérieures qui se donne à lire : procession de corps transfigurés, rituels d’effacement, jouissances sacrilèges, beautés maudites.
Chaque poème est doublé d’une illustration — Ces images ne représentent pas, elles prolongent, elles perforent, elles gravent dans l’esprit ce que les mots n’osent parfois qu’effleurer. Les dessins s’inscrivent comme des éclats d’une même lumière ténébreuse, où chaque trait, chaque ombre, dénonce la fragilité de la chair et la folie du désir. Ensemble, texte et image forment un diptyque sensuel et cruel, une architecture intime où l’œil et l’esprit sont invités à communier dans le vertige de l’extase.
Dans un monde aseptisé, où l’intime se voit réduit à l’anecdote ou au spectacle, cette œuvre se tient à rebours, exigeante, souveraine, dérangeante. Elle rappelle que le plaisir, quand il est absolu, touche au divin et au néant. Que la jouissance peut être un savoir et que l’érotisme, loin d’être ornement ou transgression de surface, est une forme abyssale de connaissance. Ici, la lecture devient un acte de soumission à ce que l’on ne sauvera jamais. Il reste à entrouvrir cette porte. Non pas pour fuir, mais pour consentir. Consentir à une extase lucide, sans au-delà. Une extase qui n’exalte rien — sauf peut-être la fin.
Auteur : |
Meb ROCK |
Catégorie : |
Poésie |
Format : |
A5 (14,8 x 21 cm) |
Nombre de pages : |
144 |
Couverture : |
Souple |
Reliure : |
Dos carré collé |
Finition : |
Brillant |
ISBN : |
978-2-8083-3676-5 9782808336765 |