Le Livre en papier • Biopsie d'un gangster de Marc Belhassen

Synopsis chronologique – Biopsie d’un gangster

Paris, début des années 1990
Pierrot grandit dans une banlieue déshéritée, sous la coupe d’une mère instable et violente, elle-même héritière des brutalités de son père. Sans figure paternelle, Pierrot endure une enfance faite de coups, d’humiliations et de carences affectives. Son unique lumière : Jo, son voisin de palier, confident d’enfance, frère d’âme avant d’être frère de rue. Ensemble, ils s’inventent un refuge contre la misère et la brutalité du monde.

L’adolescence se fait dans la débrouille, la solidarité, mais aussi l’exposition précoce à la violence urbaine. Avec leur bande, ils traversent l’âge des larcins, des nuits d’errance, des affrontements de territoires. La mort d’Abdel, figure fraternelle, fracture définitivement le groupe. Pierrot, chef malgré lui, s’enfonce dans une rage protectrice, tandis que la brigade des mineurs traque inlassablement ces adolescents perdus.

L’errance et la fuite
Sous la menace de la police et des services sociaux, Pierrot et Jo quittent Paris. Mais ce départ n’est pas un choix : à Naples, ils sont enrôlés de force par Tony, parrain charismatique et redouté de la Camorra. Dans la famille mafieuse, ils apprennent les codes du clan, l’honneur, la soumission, la cruauté. L’assassinat brutal de Tony lors d’une guerre de clans les laisse orphelins de toute illusion, exposés à la brutalité du monde adulte et à l’échec de la vengeance.

Séville, l’exil intérieur
Ne pouvant assouvir leur désir de revanche, Pierrot et Jo s’exilent à Séville. Ici, la blessure demeure mais se transforme : Pierrot rencontre Pam, actrice franco-espagnole, qui lui offre la promesse d’un amour lumineux, et Nina, photographe juive marquée par la mémoire familiale, qui le confronte à ses failles et à la puissance de la résilience. Annette, professeure de philosophie octogénaire, amie de Pam, s’impose par sa pensée et sa dignité. Ses mots, sa vision du monde et de la dignité humaine continuent de résonner en Pierrot, même après sa disparition.

Jo, de plus en plus fragile, finit par être placé en foyer. La tentative d’évasion organisée par Pierrot échoue, et la séparation définitive des deux frères d’âme scelle la fin de leur enfance.

La rencontre déterminante
C’est à cette époque charnière que Pierrot croise la route d’une veuve diamantaire, femme singulière et mentor inattendue. Elle le forme patiemment à son métier, lui transmet l’art du diamant : rigueur, sens du détail, goût de l’excellence. Pierrot, doué, s’épanouit dans cet univers rare et s’élève socialement, tout en restant hanté par son passé. Sur son lit de mort, la veuve lui fait promettre de mettre sa réussite au service des enfants perdus : bâtir un jour des instituts d’accueil pour eux, rendre à d’autres l’hospitalité qu’il n’a jamais reçue.

Chute et renaissance
Rattrapé par la violence ordinaire, Pierrot, un jour, assiste dans la rue à un père battant sauvagement son enfant. Il intervient avec une violence incontrôlée : ce geste lui vaut la prison. Derrière les barreaux, il affronte la brutalité carcérale, la solitude, mais aussi la possibilité d’une introspection nouvelle : la lecture, la correspondance avec Nina, la lente émergence d’une lucidité apaisée.

À sa sortie, Pierrot tente de se reconstruire auprès de Gina, ex-compagne instable et mère de sa fille Élodie. Mais les démons intérieurs refont surface : accès de rage, peur de la paternité, difficultés à tenir la promesse faite à la veuve diamantaire. La mort de Jo, la disparition de Nina, puis celle d’Annette – dont la pensée continue de l’accompagner dans l’absence – précipitent Pierrot dans un deuil sans fond.

Transmission et engagement
Porté par le souvenir de sa promesse, par la fidélité de Pam, par l’amour fragile d’Élodie et la présence discrète de Franck, avocat et narrateur lucide, Pierrot décide d’honorer la parole donnée : il consacre son énergie à la défense des droits des enfants, bâtit les instituts d’accueil promis, et s’engage comme défenseur intransigeant de ceux qui, comme lui, furent brisés trop tôt.

Au fil des années, Pierrot oscille entre chutes et renaissances, fidélité aux absents et tentative de rédemption, dans la quête bouleversante d’une humanité retrouvée.

Structure narrative
Le roman épouse cette chronologie heurtée à travers l’alternance des voix : journal de Pierrot, lettres à Nina, monologues intérieurs, récit de Franck, influence souterraine d’Annette, et la promesse jamais trahie faite à la veuve diamantaire. Cette polyphonie donne à voir l’intimité des personnages, la persistance des blessures, et la force d’un engagement qui fait de la violence vécue la matière d’une possible rédemption.