Le Livre en papier • Oser l'autonomie dès la maternelle de Dominique Disclez

Et si on osait… faire confiance à nos élèves, nos enfants, nos petits enfants… les laisser apprendre avec plaisir, miser sur leur créativité, les responsabiliser, croire en leurs capacités plutôt que de faire à leur place.
Ce pari attend le lecteur dans la classe multi-âges de « Madame Dominique ». Des enfants de deux à six ans s’y côtoient, chacun avec son identité, ses forces, ses faiblesses, ses différences. L’autonomie encouragée chez les élèves fait partie intégrante de la pratique affinée par l’auteure au cours des années, en fonction des opportunités ou des rencontres.
La partie la plus importante de sa méthode consiste en un travail par ateliers. Ceux-ci amènent de petits groupes à se former et à se gérer en autonomie maximale. Dans un chapitre du livre, le fonctionnement concret des ateliers est détaillé : choix, mobilité, respect des consignes, rangement, synthèse, etc. De nombreux exemples illustrent la mise en œuvre de chaque activité ainsi que les compétences qui y sont travaillées. Des idées novatrices émaillent les pages comme autant de « petits trucs » pour rendre l’ambiance en classe plus calme et détendue, permettant ainsi d’assurer une disponibilité maximale de l’enseignant auprès de ceux qui en ont besoin.
Mais l’originalité de la démarche dépasse le contexte d’un travail en atelier. Il s’agit aussi de mettre en œuvre les valeurs de confiance et responsabilisation tout au long de la journée scolaire. Ainsi le moment d’accueil est plus que symbolique. Il intègre des apprentissages fondamentaux. De même pour l’organisation du repas et de la collation. La célébration d’un anniversaire comme le projet de dormir à l’école favorisent également l’inclusion, la solidarité et la créativité. Toutes ces opportunités font l’objet d’une description détaillée.
Même si cette « gestion de classe » est plutôt pratique et efficace, le livre aborde avant tout une expérience de vie pédagogique, à contre courant de la conception traditionnelle. Il ne cherche pas à faire référence aux théories de l’éducation mais, dans le fond, cette pratique rejoint ce qu’ont écrit certains pédagogues « alternatifs ».
En plongeant dans son parcours personnel, émaillé de découvertes et de difficultés, l’auteure installe la conviction que le système éducatif est à refonder dans son ensemble. Et même si sa méthode s’est construite autour de jeunes enfants en maternelle, les valeurs qui sont décrites ne leur sont pas réservées. Elles peuvent adéquatement inspirer les enseignants d’autres niveaux, du primaire au secondaire. Et chacun peut aussi y trouver un intérêt personnel puisque les apprentissages se font tout au long de la vie.